Criminal - Effy

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La veille avait été une journée horrible. Passablement agacé d'avoir eu à faire avec Edwin et sa course de moto, Alexander était resté cloîtré toute la journée à pester contre elle et son caractère pourris. Du coup, il avait annulé pas mal de choses. Notamment visiter la ville. Attendant seulement vingt heures pour sortir de son appartement, Alex avait jugé préférable de s'éloigner des coins discrets de la ville et d'aller là où le brouhaha était omniprésent. De sorte à ce qu'il oublie l'incident de la veille. Sweat à capuche et treillis, bonnet sur le crâne, il semblait toujours vouloir se faire le plus banal et discret possible tout en évitant d'être facilement reconnaissable. Vu l'heure, une casquette et des lunettes auraient carrément été suspect, alors autant apparaître comme un skateur de la ville, ça se fondait mieux dans la masse.

Parti en quête de restaurants sympathiques où il pourrait éventuellement demander à venir jouer et chanter de temps en temps, le jeune homme entendit parler d'un restaurant en particulier où la clientèle était généralement ravie. Intrigué, Alex s'en alla pour constater par lui-même ce que valait le restaurant ; et il ne fut pas déçu. Mais pour rencontrer le patron, il lui faudrait attendre la fermeture. Venu en simple client pour le moment, Alex s'assit à une table, seul, attendant qu'on vienne s'occuper de son charmant minois -haha. Il retira son bonnet, puis son regard parcouru la salle, jusqu'à ce qu'il se pose sur une serveuse un peu rouquine. Naturellement, il lui offrit un grand sourire lorsque leurs regards se croisèrent. Avec un peu de chance, elle viendrait prendre sa commande une fois libérée.

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Après que Cliff aie passé la soirée de la veille à me supplier de ne plus le laisser seul comme tous les jours, à arrêter de travailler et à me planquer avec lui sous le sofa moisi du salon, vint le moment de mettre la caquette de pseudo-parent et de lui expliquer que la vraie vie pour moi n'était pas celle d'une ermite et qu'il devait se résoudre à vivre de cette façon, puisque dans son esprit, l'école était comme un OVNI au dessus de sa tête.
Donc, sans avoir réellement fermé l'œil, je suppliais mon corps de me porter jusqu'au restaurant, c'était plus lui qui s'entêtait à rechigner. Et vas-y que j'ai un point de côté, essoufflements, arrêts répétitifs. J'espérais juste ne pas m'être transformée en sexagénaire et en me stoppant face à une vitrine du village touristique, je constatais que non.

Passant l'après-midi à porter cet éternel plateau avec un minimum d'agilité, je conclus que j'étais débile de supposer qu'un restaurant comme celui-ci finirait par être désert et que les clients ne me réclameraient pas trop souvent de serviette supplémentaire.
Aux alentours de 20h, quand l'afflux incessant se calma un peu, je me posais contre le bar, attendant les commandes, redoutant la prochaine vague de hyènes affamées. Oui. Clairement j'étais dans la Savane. Du moins, mon cerveau voulait le croire...
Surtout quand le mec soudainement apparu dans mon champ de vision lança un de ces regards cassants, tellement étrange qu'il en était carnassier. Ou alors, c'était son sourire. Tentant de me détacher de ce truc, je compris que ça n'était pas un prédateur mais un client et d'un pas peu décidé, je me dirigeais vers lui, à regrets.

« Bonsoir, auriez-vous par hasard fait votre choix, une préférence parmi les plats du jour ? »
Je fais, décidément à deux doigts de me demander ce que je foutais là.

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La voyant s'approcher, le visage d'Alex s'adoucit légèrement. Il sembla moins carnassier et davantage content que ce soit elle qui s'occupe de lui -et non le jeune homme à la choucroute un peu plus loin. Ca n'aurait clairement pas fait le même effet. Attrapant la carte des plats proposés par la maison, Alex haussa légèrement les épaules en regardant la liste. Il ne savait pas trop. Tout, rien ?

▬ Si je vous invitais à ma table pour manger avec moi, que prendriez-vous ?

Une façon plus polie de demander les préférences de la demoiselle, tout en lui faisant légèrement du charme. Boh, il pouvait bien le faire, il ne pouvait qu'imaginer combien être serveuse devait être stressant et lourd par moment. Mains qui se baladent, commentaires sur la bouffe, les gens mécontents des prix, les tentatives de quitter les lieux sans payer, sans parler de ceux qui, un peu à l'image d'Alex, draguaient tout ce qui bougeait. Il se gratta brièvement la joue avec son doigt, le regard posé sur la liste.

▬ Au pire je ne suis pas pressé. Si vous acceptez de me tenir un peu compagnie, je peux voir pour vous payer votre repas. Votre patron ne dira rien non ? Il n'y a plus grand monde.

Son regard remonta vers la jeune fille. Petit sourire, un tantinet provocateur.

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Visiblement mon vouvoiement était loin d'être potable. Ou bien, ou bien ce mec était décidé à faire chier le personnel avec ses mimiques de dragueur effarouché. Très bien, très bien. Dévisageons-nous, Monsieur sourire carnassier. Le garçon était vraiment là pour fiche sa merde personnelle, parce que regarder la liste ne lui était pas venu à l'esprit. J'attrapais mon bloc avec lassitude, relevant les yeux sur le jeune homme, mon geste se bloquant quelques secondes pour croiser son regard. Ou c'était un con, ou c'était juste un joli mec. Ou alors, un mix des deux, c'était quoi son super-pouvoir, hein ? J'eus un petit rictus qui ne se voulu même pas intérieur. C'était un jeu marrant que d'essayer de s'illustrer les clients soi-même. Et si je me fourrais le doigt dans l'œil ? Nan.. Bien trop Olympien pour un simple gars. Si c'est le fils du Sénateur de je-ne-sais-quel-état... Le rictus se transforme en sourire. D'accord, j'arrête de débattre sur le pseudo superman. La provocation est trop tentante, je me retourne vers le bar, collègue sourcils arqués. Hum. Disons trois minutes chrono. Je me pose face à pseudo-superman, le bloc note docile, coincé au creux d'une main.

« Ce que je prendrais ? Voyons. Il me faudrait d'abord les moyens. Mais les Saint-Jacques au pesto, croyez-moi, ça vaut le coup. »

Je pris la distinction de croiser les jambes. Mauvais pour le dos vous dites ? Je me trouvais bien trop petite. Je n'aime pas l'infériorité inter-races. C'est ainsi.

« A dire vrai, je ne vois pas ce que vous faites ici. Fine-bouche ? le questionnais-je. Peur bleue des OGM dans les nuggets ? Et puis je déteste cet endroit. Vraiment, un bon gros Hamburger et je suis au septième ciel. »

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Elle ne faisait pas la fine-bouche, elle, en revanche. Un simple hamburger ? C'était pas nourrissant, gras, mal foutu les trois quarts du temps, trop calorique et ça bourrait. Où diable étaient donc passées les jeunes filles qui aiment qu'on prenne soin d'elles et qu'on leur fasse des cadeaux ? Est-ce qu'il donnait l'image d'un espèce de prédateur, d'homme à femme ? Sans la quitter du regard, il fit une légère moue, sourcil arqué. Il soupira brièvement, visiblement un peu déçu.

▬ Plutôt que d'aller dehors pour attendre la fermeture, c'est mieux d'être au chaud avec de bons plats non ?

Il se passa une main derrière la nuque, se la frottant, son regard se baladant sur les autres tables.

▬ Et avec de la compagnie c'est encore mieux. Enfin, je vois que la nourriture c'est pas votre pêché mignon.

Haaa. La gourmandise attirait bien des filles, mais pas elle. Elles étaient moins compliquées à Houston -peut-être parce que c'était une grande ville ? Alex la regarda à nouveau et haussa les épaules, croisant les bras tout en se calant bien contre le dossier de sa chaise. C'était amusant comme sa dégaine ne collait pas du tout avec sa prétention -celle de pouvoir se payer deux repas de luxe.

▬ Enfin, je vais prendre les Saint Jacques au pesto, je vous fais confiance.

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Je me découvrais une aspiration soudaine pour le sadisme involontaire. Vu l'air dépité qu'il adopta, on voyait que le dénouement auquel il s'attendait lui échappait. Ou bien je me faisais des films et ce gars était loin d'être un dragueur dans la masse aussi épaisse que celle de graisse au fin fond d'un hamburger. Voyez, j'arrive à parler de ça sans rendre la totale. Preuve que ça me faisait vraiment aucun effet. Le gras, l'industrie agro-alimentaire... Hum. Je... Finalement, on ne va pas s'aventurer là-dedans jusque rendre la totale... On s'en tape. Qu'est ce que je vais penser à ça moi ? Hamburgers, valeur sûre.

« Détrompez-vous. J'ai un véritable faible pour le chocolat. »

En réalité, débattre du chocolat ou des Saint-Jacques, c'était pas ce qui me préoccupait le plus, non, c'étaient plutôt les regards noirs du mec à la charlotte qui prenait toutes les commandes alors que ma pause était finie depuis un certain temps déjà. Cependant, vu mon taux de connerie à ce moment là, et étant donné que le pseudo superman était intéressant, j'allais risquer de mettre en jeu le peu d'estime que me portait le patron sur la table. Jouant doucement avec le stylo, je me contentais d'appeler ledit serveur et de commander deux Saint-Jacques pesto. Chose qu'il exécuta à regret. Chose qui m'amusait et accentuait l'idée que mon sadisme était naturel.

« Puisque je n'ai pas le palais adéquat, sans doute auriez-vous du vous asseoir à la table de cette jeune femme. fais-je, désignant une table du regard. »

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[hrp: désolé du retard x')]

Un faible pour le chocolat... ? Alexander arqua un sourcil. Ca n'avait rien d'étonnant. Là, pour le coup, elle ressemblait à la très grande majorité des femmes. Le chocolat avait cette belle réputation de plaire à plus de 90% des femmes, il n'y avait donc pas, selon lui, de quoi s'extasier. Pianotant sur la table avec une main, Alex tourna la tête vers la table indiquée. Une jeune femme classe, élégante, et seule. Mais sûrement en train d'attendre son prince charmant, ou bien venue ici pour décompresser. Certes, il aurait pu y aller si son but pour ce soir avait été tout autre. Les femmes plus âgées n'étaient pas un problème pour lui. Mais à la place, il haussa les épaules en souriant, reposant son regard sur la serveuse.

▬ Inutile. C'est pas comme si j'étais venu ici dans le but de repartir une femme au bras.

Pas de mal à se faire du bien, mais ce soir j'ai bien d'autres priorités. Et puis, qui sait ce qui se cache derrière ce visage un peu grognon ? Se rapprochant de la table, il croisa les bras sur cette dernière, fixant la demoiselle.

▬ Et... aurais-je le privilège de pouvoir connaître votre prénom ?

C'était un peu étrange, tout de même. Ce vouvoiement, alors qu'ils semblaient avoir plus ou moins le même âge. Quelque part, c'était amusant, mais ça maintenait une certaine distance. Ils ne se connaissaient pas, et rien ne lui permettait de penser qu'il pouvait se montrer familier sans qu'elle ne l'envoie paître. Ce qui l'emmerderait.

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[hrp : Mais cey rien é___è]

Voilà que je me surprenais à observer le jeune homme. Intriguant. Pourtant, c'était un parfait inconnu. Et même dans le peu d'éducation que j'avais reçue, je savais pertinemment que faire ça à des inconnus était impoli. Alors que son air, dépité contrastait dans mon champ de vision, je le voyais, à distance, dévisager la fille que j'avais tenté de désigner juste avant. Je me sentais légèrement rougir. C'était pour plaisanter et lui, il analysait tranquillement, donnant son opinion. Qu'il était bête. On... Trop tard, je gloussais déjà en saisissant ma serviette d'un coup, spasme nerveux, cet abruti.

« Ah ? C'est juste pour la compagnie, dans ce cas... Vous savez, je ne suis pas le meilleur exemple en la matière. »

Se rapprochant, il me fit sursauter alors que je sentais le rougissement se faire voir. Et qu'est-ce-qu'il avait aussi à venir l'enfoiré ? J'étais pas une Pivoine. Enfin, pas de nature. Ce gars arrangeait rien. Pour une fois que je tombe sur un inconnu faut qu'il aie cette manie de vous surprendre avec des mimiques débiles et des rictus bizarres et... Calme. Mon prénom ? De qui, de où, de quand ? Ah.

« Le Privilège ? S'appeler Gertrude, c'est un privilège, selon toi ? »

Et merde. Perdu le jeu du vouvoiement. Je basculais doucement ma tête vers l'arrière, soupirant alors que le même employé me fusillait de là. J'eu mal au crâne quelques instants avant de me redresser pour de bon.

« Elizabeth. Sawyer, Elizabeth. Et toi, John Doe ? T'as un nom ? »

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Rapidement, il lui sembla que l'ambiance se détendait. Déjà, elle avait rit. Certes elle avait voulu se cacher, mais le simple fait de rire montrait qu'il ne la laissait pas si indifférente que ça, et il en était ravi. Un sourire malicieux étira ses lèvres, et sa satisfaction ne fit que croître. Elle était passée au tutoiement, d'elle-même. Il n'y aurait donc aucun problème pour qu'il fasse de même. Il ne se gênait pas non plus pour la fixer, observant le moindre mouvement qu'elle faisait. Du mouvement de ses lèvres quand elle soupirait aux paupières qui clignaient.

▬ Alexander, mais appelle moi Alex. Aucun problème à ce que je t'appelle Eliz ?

Se redressant légèrement, il se reposa contre le dossier de la chaise, un bras posé dessus. C'était amusant. Est-ce qu'elle pouvait éclater de rire ? Est-ce qu'il en était capable ? Peut-être qu'il pouvait encore la faire rougir, la surprendre et l'émerveiller. C'était un peu narcissique, mais Alex voulait voir jusqu'à quel point il pouvait aller, et à quel moment elle le trouverait envahissant. Un jeu stupide, certes, mais auquel il allait volontiers se prêter. Alors autant préparer le terrain.

▬ Ca vous arrive d'avoir des artistes le soir, ici ?

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Je me redressais d'un coup. Non mais c'était quoi ça, Sawyer ? J'étais pourtant pas mauvaise à des jeux comme celui-ci. Enfin, ça n'était un jeu que pour moi. Je commençais sérieusement à me demander si cet Alexander comme il l'avait déclaré et non pas John Doe n'était pas juste comme ça de nature. Ce qui, franchement ne m'étonnerait pas. Enfin, on dit qu'il ne faut pas juger dès la première rencontre. Je suppose que je vais devoir suivre mon instinct, mais en fait, il m'apparaît de façon étrange, ce gars...
Relevant les yeux sur l'intéressé, je le vis qui me détaillait de sa chaise, j'eus un léger frisson. C'était inhumain, sa façon de soutenir le regard des autres comme ça, je luttais pour ne pas montrer la gêne naissante. Je n'avais pas pour habitude d'être dévisagée de cette façon. Fronçant les sourcils, je me détendis, lasse de lutter, posant un coude sur le bord de la table pour venir déposer ma tête contre ma main.

« Alex... susurrais-je. Et bien, en fait, on m'appelle davantage Effy. »

Franchement, où était l'importance ? Bon. Admettons. Eliz c'est... J'ai bien trop l'habitude d'Effy. Voilà, partons dans des débats neuronaux, mais ça va nous mener très loin, Sawyer.
Alors que le jeune homme se calait contre son dossier, je l'observais, discrètement. Il avait l'air dubitatif. Je me concentrais, un peu plus, je voulais juste comprendre les règles du jeu, même en me risquant à la brûlure, il était bien trop intriguant, quelle plaie. Comme il m'adressait de nouveau la parole, je détournais les yeux, voilà que je m'étais brûlée, en toute bonne débutante, la chance n'était pas de mon côté.

« Hum ? Des artistes. De temps à autre, mais ça reste rare. arquais-je. Pourquoi ? Tu es doué dans ce domaine ? »

Tiens. Retournement de situation. Il fallait vraiment que je pose des questions ? Raaahh mais quel pas douée je fais. Oh que vois-je ? Le collègue qui se ramène avec son éternel regard de tueur et deux assiettes en main. Il dépose les deux, circulaires, avec quatre ou cinq Saint-Jacques, une purée de petits pois et du pesto. Un plat que je connais bien, mais qui me sert d'angle de fuite. Qui ouvre les paris sur l'emplacement du regard de l'Alexander ?

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▬ Effy.

Alex répéta simplement le surnom, semblant y réfléchir. Effy... ce qu'il en pensait ?

▬ Je préfère Eli ou Eliz. J'aime bien avoir quelque chose qui n'appartient qu'à moi.

Un sous-entendu ? Peut-être. Il ne la lâchait pas du regard, semblant un peu amusé de la situation. La question d'Elizabeth, bien que dans le sujet, ressemblait davantage à une sortie de secours dans la situation actuelle. Et comme si cela ne suffisait pas, Alex ne décrochait pas son regard d'elle.
Les assiettes furent apportées, mais le serveur n'eut pas le droit à un regard ou à un remerciement. Même l'assiette n'eut pas le droit à un regard. La jeune serveuse accaparait bien trop l'attention de l'artiste, et il savait combien un simple regard très insistant pouvait dévoiler certains tics du comportement. Mais parce que son but n'était pas de l'effrayer, Alex finit tout de même par baisser le regard et contempler son assiette tout en lui répondant.

▬ Effectivement. Les bars et les restaurants sont les premiers endroits où un artiste se produit afin d'avoir un public. L'endroit me semblait pas mal.

Attrapant ses couverts, il jeta un bref coup d'oeil à son interlocutrice, puis reposa son regard sur son plat avant d'y plonger sa fourchette.

▬ Bon appétit mademoiselle Eliz.

Il ne la regardait plus. Et au vu du petit sourire qui étira le coin de sa lèvre, le plat était bon. Peut-être que le fait de ne plus la regarder était un façon de faire comprendre qu'il n'avait pas de mauvaises intentions, ou bien qu'il l'autorisait à lui rendre la pareille. Peut-être était-ce pour la rassurer, ou pour mieux pouvoir la fixer après. Allez savoir.

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Il fait peur. Ou alors son naturel fait flipper. Regardez-le. Tu... Tu m'étonnes qu'il fasse des représentations dans les bars ! Je veux dire... Si ça se trouve c'est juste un psychopathe qui cible ses victimes avant de les égorger derrière le restaurant en dissimulant les preuves et en cachant les bouts de corps un peu partout dans les bennes. Non je ne regarde pas trop la télévision, dis pas de conneries, toi.

« Il vaut mieux ne pas m'appeler tout court. susurrais-je, ça pourrait nuire à ton image ... Et puis vous être trop possessif, Alex. »

Je levais les yeux sur le jeune homme brun, le menton toujours soutenu, contemplant cet inconnu pour espérer trouver chose intéressante à observer autre que mes pieds, sous la nappe. Ce que je faisais était débile, bien entendu. La pause ? Ce n'était vraiment plus un pause. Et ce serveur qui s'éloignait ? Il avait toujours eu une dent contre moi. Un petit abus comme celui de ce soir n'allait donc pas changer grand chose à la donne.
Cependant, je soupirais, perdue quelque part loin du restaurant, au milieu de pensées mauvaises. Le karma, tout ça, ça ne m'avait jamais vraiment suivie.
Reposant les choses sur la table, je revenais à Alexander qui... Me dévisageait ? Tu parles. C'était encore un de ses jeux sadiques, oui. Le problème était tout de même là. Peut être qu'il avait deviné mon manque d'assurance et qu'il savait que faire ça me déstabiliserait. Me ferait rougir.
Chose surprenante, il avait décidé de ne pas courir tout du long le marathon, son regard avait quitté le champ de bataille. Non mon souffle n'était pas revenu d'un coup. Faux.

« Monsieur. Si vous aviez besoin d'un piston pour vous lancer ici. Il n'y avait nul besoin de manger des Saint-Jacques de Luxe en ma compagnie, j'exagérais, plantant la fourchette dans un bout de je ne sais quoi. »

Ça y était. J'étais une gosse qui jouait avec sa serviette pour chasser l'agacement.
La gêne peut être.

« Fran-Franchement Alex. C'est limite si le patron te paierait pas pour amadouer les clientes... T'abuses. »

En réalité cet imbécile ne m'écoutait plus depuis qu'il avait touché à son plat. Et mon couvert restait en l'air, bloqué entre mes doigts parce que la scène était étrange. Vous voyez ce sourire ? J'essayais de me trouver son réel objectif. Est-ce que ça devait m'intimider ou au contraire, se révéler gentil ? Ce gars était une énigme à lui tout seul. Finalement mon couteau vint s'écraser en douceur contre la table.

« C'est... C'est si bon que ça ? »

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Un coup poli, un coup familière. Cette Elizabeth ne savait vraiment pas sur quel pied danser et cela amusait grandement Alex. Il avait l'habitude de perturber, en particulier les filles, mais il devait bien avouer que cette jeune serveuse avait un petit plus qui la rendait encore plus intéressante. De quoi donner à Alex l'envie de creuser un peu plus et de ne pas s'arrêter à ce bête jeu de charme où il se débrouillerait pour hanter ses soirées. A chaque fois qu'ils se croiseraient, elle penserait à lui, elle aurait l'impression de le croiser dans la rue, que chaque regard qu'il peut lui porter est lourd de sous-entendu. C'était un pouvoir qu'il aimait bien avoir et qui flattait son égo. Jeune homme vaniteux et orgueilleux, mais seulement avec celles qui l'intéressent.

Même si Alex savourait son plat, il avait écouté les paroles de la jeune fille. Il ne prit juste pas la peine de répondre de suite, se contentant de manger ce qu'on lui avait apporté et conseillé. Il demeura silencieux pendant encore quelques instants, avant de finalement s'arrêter, nourriture dans la bouche. Un sourire étira ses lèvres fermées et il posa sa joue dans sa main, sa fourchette vide pointée vers la serveuse. Il avala, puis enfin, parla.

▬ Tu ne ferais pas une très bonne vendeuse tu sais ? Faut pas poser ce genre de questions aux clients, ils seraient capable de remettre en question ton honnêteté. Tu m'aurais donc proposé un plat au pif juste pour te débarrasser de moi ?

Petite pique. Probablement que ce n'était pas le cas, et à vrai dire ils 'en fichait un peu qu'elle lui ai proposé au hasard ou non. C'était bon, c'était donc le principal. Il planta à nouveau sa fourchette dans son assiettes, regardant son plat, et continua de manger tranquillement au fur et à mesure.

▬ Aussi, je ne vois pas le mal à manger avec la serveuse. Il n'y a pratiquement plus personne, ton collègue a l'air d'avoir ses règles, tu es mignonne et j'avais envie de compagnie. Son regard se braqua à nouveau sur elle. Je pourrais même te proposer d'être mon escort girl et te payer le triple de ce que ton patron te propose déjà.

Et le pire, c'était qu'il avait l'air sérieux.

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Fichu charisme. Il a quoi avec son truc en coin, là ? Raaahh. Je tombe toujours sur des gens qui sont francs et à l'aise avec les autres. Non. Non, je suis désolée, moi je ne suis pas comme ça. Je vais pas venir te voir pour manger des coquilles St-Jacques avec toi en pouffant toutes les trente secondes parce que t'auras été super mignon, swag, je ne sais quoi.
Co-Comment ça ? Alexander ? Il est sûrement comme ça ce gars. Ouais. Admiré, loué de tous les côtés, demandé... Attendez. Ne pas penser à des choses bizarres. Cet Alexander est sans doute télépathe. Ça expliquerait son petit jeu à la con. Je suis vraiment vulgaire.

« Félicitations. T'as envahi mon cerveau plus vite que le traumatisme de ma tante me léchant les joues. » je me retenais de dire. Ou peut être que j'avais parlé à voix haute.
Je n'ai pas parlé à voix haute.

Hum. Option numéro 1 : Rire nerveusement et aggraver l'idée de la fille soumise. Option numéro 2... Il n'y a aucun plan B. Je me contente de cligner des yeux comme une idiote, avalant l'eau de mon pauvre verre à pleine bouche avant de... Royalement la recracher.

Escort-girl.

« Assurer ta compagnie ? Tu es drôle. »

Expliquez-moi pourquoi j'explose de rire au lieu d'affronter son regard meurtrier ? Expliquez-moi. Ce démon. Il me fait faire toutes les conneries du monde. Peut être que se lever et partir en courant en se faisant virer, c'est mieux, c'est du deux-en-un.

Saleté. Voilà que tu l'essuies comme une conne. Il te fait mal au cœur ou quoi ?

« Je-Je chante. Je sais chanter. Je travaille ici pour mon petit frère. Et j'ai pas payé mon loyer depuis trois mois. Et je suis une putain de chanceuse à pouvoir rester dans ce quartier à putes. Et bordel, pourquoi je te dis tout ça hein ? »

Ce que tu peux être bavarde Sawyer.

Spoiler:

» Apprendre à dompter la Effy ♪

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