Avec Le Chien des Baskerville comme livre de chevet, on s'en était douté tôt. Cette petite là n'allait pas être une enfant indifférente aux charmantes intrigues de ce monde, loin de là. Elle était plutôt intelligente, cette gamine. Perspicace, elle s’intéressait presque à tout.

L'histoire d'Odette avait bien commencé. Elle était née comme fille unique dans une famille unie, heureuse il semblait. Sa mère, la douce Maria, était une femme belle et élégante qui faisait carrière en droit. Son père, lui, lui ressemblait étrangement dans son comportement. À la seule diffèrence qu'il préférait la police. Oui, ils avaient vécu comme une joyeuse petite fratrie, tous ensembles.

Mais ce qu'ils n'avaient pas pu prévoir, et personne n'aurait pu, d'ailleurs, ce fut le premier amour d'Odette. La discussion précédant l'aveux avait bien commencé pourtant. C'était dans une ambiance chaleureuse, autour d'un repas copieux. Oh oui, elle s'en souviendrait toute sa vie. Il y avait de la pizza de servie. Elle n'a jamais pu la manger, finalement.

« Papa, Maman. Je suis amoureuse... »

Et ses deux parents l'avaient coupé, instantanément. S'en suivit alors des félicitations et des éloges. Et la petite Odette, elle, se sentait coupable comme personne. Devait-elle vraiment leur dire ?

« Il s'appelle Kylian et... Il... Il a 23 ans. »

Et elle avait eu envie de pleurer, littéralement. Elle s'était sentie rougir comme jamais tandis que les larmes lui montaient aux yeux lorsqu'elle avait croisé les yeux choqués, presque dégoûtés de ses parents.

« Odette... Tu n'es pas sérieuse ? »

Elle avait 14 ans à l'époque.


Les disputes familiales se firent très fréquentes ensuite. Si fréquentes qu'elles en devinrent insupportables. Si insupportables qu'Odette prit une importante décision. Elle continua ainsi de se confronter à ses parents avec hargne jusqu'à finalement entendre ce qu'elle désirait. " Si tu l'aimes tant que ça, va vivre chez lui ".


« Odette, tu es sûre que tu vas supporter ?
- Parfaitement.
- Ne me mens pas. » Kylian lui avait répondu d'une voix lourde et sans appel, comme si il était en colère.

C'est vrai. Odette était un peu " perdue ". Elle s'était dévoilé si cruel et si indifférente vis à vis du fait de quitter ses parents chéris comme ça que son comportement, et tous ce qu'elle avait dit jusque là, ça ne pouvait être que du vent. Du superficiel oui. Rien n'allait " Parfaitement " actuellement. Pas dans une situation pareille.

« Tu peux pleurer. Je promets que je ne te jugerais pas. »

Elle s'était mis à verser des larmes de regrets – Elle se sentait si stupide de leur avoir parler comme ça, à ses deux adorables parents – qu'elle dissimulait de ses mains. Elle avait 14 ans, et deux mois.

« Tu iras t'excuser dès que tu seras prête. »

Ce mec parfait là. Elle l'aimait, oui.


Elle s'était finalement faite pardonnée. Même si elle n'était pas rentrée chez ses parents, elle leur avait tous expliqué. Tous, sans exceptions. Et tous semblait établis pour vivre des jours heureux. Comme-ci, ça aurait été trop simple.

« Tu m'en veux ?
- Non. Tu as le droit d'avoir un avenir tu sais. De toute façon, tu reviendras bientôt et... ça ira ensuite.
- Et tu es sûre de ne pas vouloir venir ?
- Je ne peux pas lâcher mes parents comme ça, je pense que je leur ais déjà fais assez de mal, pas question que je parte dans une ville à l'autre bout d'ici. Et puis... Ton frère s'occupera bien de moi. Je te promets que je supporterais.
- ... Odette ?
Elle avait redressé la tête, abandonnant sa moue triste.
... Je t'aime. »

Odette n'aimait pas ce genre d'adieux incertains. Elle détestait ça, même. Elle ne pouvait savoir ce qui allait se passer maintenant. Alors elle regarda Kylian partir dans sa voiture. Elle ne le quitta pas des yeux. Et quand il fut loin, elle se dirigea vers Kwan, son frère. Un type adorable lui aussi, avec qui elle était très complice. Et en plus, il voulait devenir enquêteur. De quoi faire une fine équipe.

« ... Moi aussi. »