[TERMINÉ] You brat, again ! | [Privé] Jefferson

You brat, again !

On est lundi. La journée s'est montrée terrible à mon égard. J'ai passé un week-end pourri dont un samedi surchargé avec soirée à courser un môme et un dimanche ruiné par la fatigue. Bref. Je n'attends rien de bien en ce lundi, si ce n'est de retrouver mon ange Dallas. C'est la fin d'après-midi et ayant terminé mon boulot, je décide d'aller prendre mon fils à l'école. J'arrive à l'avance devant l'établissement.

Il y a quelques parents qui attendent comme moi. La cloche n'a pas encore sonné. Pour tuer le temps, je m'allume une cigarette puis je jette un oeil aux alentours mais sans réellement prêter attention aux détails. Je m'appuie contre un lampadaire avoisinant, je croise les bras et je fume tranquillement. Quelques minutes après, la sonnerie retentit enfin et je me redresse afin de mieux pouvoir distinguer Dallas. Je regarde les premiers enfants qui commencent à sortir de l'école.

You brat, again !

Aujourd'hui on a parlé de la Russie à l'école. Ma maîtresse dit que c'est un pays en haut de la Chine et que les mammouths sont gelés là-bas ! Les mammouths, c'est des gros éléphants mais avec beaucoup de poils et des grosses cornes plus puissantes que celles d'un taureau.
J'ai jamais vu de mammouth en vrai donc quand la maîtresse parle de ça, forcément, j'ai les yeux qui brillent ! Je veux en savoir plus ! Mais personne n'a regardé l'heure, tellement qu'on est tous passionnés alors quand la sonnerie arrive, bah on est tous tristes et on râle.
C'est aussi l'heure du goûter alors moi, je suis pas trop déprimé ! Ma mère m'a dit qu'on allait manger des crêpes avec du chocolat ! Les gros monstres préhistoriques ils peuvent bien attendre, ça je m'en fiche !

Je cours pour sortir le plus vite possible et aller rejoindre maman qui doit m'attendre dehors. Je double tout le monde en traînant mon sac à dos à la main et je sors presque en premier dans la cour.

- MAMAAAAAAAAAN ! que je crie comme un fou en sprintant. Le truc c'est que, je vois pas ma mère. Elle est nulle part. Elle a pas l'air d'être là. Je regarde un peu partout avec les yeux grands ouverts. Là pour le coup je me sens perdu et ça me rend inquiet.

- Beuh... elle est en retard ... ?

Je commence à perdre espoir et mes yeux se mouillent quand soudain j'aperçois quelqu'un que je connais. Je reconnais le père de Dallas ! Il est sûrement en train d'attendre son fils ! Je me sens paumé et j'ai pas envie d'être tout seul alors je me dirige vers Stanislas. Je décide de l'agresser en lui sautant dessus comme un sauvageon !

- COUCOU STANISLAAAAAAS !

You brat, again !

Le grand bruit des enfants excités, marqué par la fin de la journée d'école - quelque chose qui a le don de changer l'atmosphère. On ne peut pas se tromper. Avant que la sonnerie ne retentisse, la rue était calme et quelques parents discutaient. Maintenant, un véritable bordel de merde, des cris et des enfants qui sortent du bâtiment. Mon regard, vide et épuisé n'attend que de croiser les lumières de mon fils Dallas. Je ne prête mon attention à rien d'autre. Et j'ai tord.

- COUCOU STANISLAAAAAAS !

Une bestiole me saute dessus sans que je ne puisse rien capter à la vie. Au départ, il me semble voir Dallas mais en fait, il s'agit d'un parasite immonde. Je veux bien parler de Jefferson, le mioche. J'ignore par quelle folie il en vient à porter une telle familiarité à mon égard mais je ne le repousse pas tellement parce qu'il est jeune et innocent. Puis Dallas risque de me voir si jamais je balance son copain sous une voiture. Néanmoins, je lui souffle de la fumée de tabac au nez pour qu'il s'écarte un peu. Je ne cache pas mon déplaisir de le voir ici après ce qu'il s'est passé samedi.

- Ah tiens, la belle aux bois dormant est réveillée ?

You brat, again !

- Ah tiens, la belle aux bois dormant est réveillé ?

J'ai envie de le traiter de vieux con parce qu'il m'appelle comme une princesse. Le truc c'est que j'ai aucun souvenir de lui avoir fait quoique ce soit de mal ! Si je me suis endormi samedi, c'était de sa faute ! Je sais pas ce qui a pu se passer mais il n'a pas aimé apparemment.

Il me souffle son haleine puante de fumée crachée de dragon céleste et automatiquement, je recule pour pas crever ! Mais bon, j'ai quand même inhalé une bonne partie de la fumée grise alors je tousse fort. Je veux lui dire d'arrêter de faire le dragon comme ça mais je me dis qu'en fait, bah il devait le faire exprès. Comme d'habitude !

- Bah merci ! Surtout cache ta joie monsieur, j'dirais rien !

Je tousse si fort que je m'étouffe.

H-RPG | Attention. Je te rappelle : pas plus de 15 messages, hein. (a)

You brat, again !

Ce petit asticot est tellement prévisible quand il s'agit de l'éloigner que je connais la parade ultime pour le faire dégager de mon périmètre. Ce n'est pas que je l'aime pas, c'est seulement qu'il m'énerve. Dans l'immédiat, je suis tellement fatigué par ma journée de paperasse que je ne veux même pas me demander ce qu'il fiche ici plutôt que de rentrer sagement chez lui.

- Bah merci ! Surtout cache ta joie monsieur, j'dirais rien !

Je pose sur lui un regard blasé, fatigué et clairement désintéressé. Je le regarde mais sans visée aucune et c'est comme si je contemple le vide puisque mon humeur n'est pas assez bonne pour laisser ma pensée reprendre le dessus. Puis rapidement, mes yeux se détournent du petit Jefferson, plutôt en proie d'aller quérir Dallas. Je saisis ma clope et je la jette parterre. Je ne prends même pas la peine de de la finir entièrement ou carrément de l'écraser pour l'éteindre.

Soudain, le petit se met à s'étouffer et à tousser comme sur son lit de mort. Paniqué par l'instant, je commence à lui tapoter le dos mais pas trop fort pour ne pas le tuer définitivement. Je ne me sens pas coupable ou quoi puisque c'est lui qui vient m'agresser mais malgré mon vis-à-vis avec ce morveux, je ne peux pas le laisser crever comme une lopette en plein milieu d'une rue fréquentée à la sortie d'une école. Tout en lui apportant mon aide, je décide d'être direct.

- Bon, qu'est-ce que tu veux le mioche ?

You brat, again !

Voilà, je me retrouve à semi-mourir à cause de son attaque de dragon ! Cette fois-ci j'ai été trop près de lui, ça doit être pour ça. Stanislas commence à me taper le dos et ça m'aide à reprendre mon souffle.
Au bout d'une minute ou deux, la toux s'arrête enfin et je prends une grande inspiration pour me soulager.

- Bon, qu'est-ce que tu veux le mioche ?

J'ouvre grand mes yeux encore humides à cause de la fumée picoreuse et je le regarde. Je comprends pas pourquoi il me demande ça.

- Hein ... ? Ce que je veux ?

Je réfléchis à la demi-milli-seconde et je conclus qu'en fait, il veut que je parte vite. Je veux lui balancer dans sa gueule de vieux con que je suis juste content de le croiser. Mais Stanislas est tellement méchant et méfiant que, bah je préfère l'envoyer chier à mon tour.

- JE VEUX UNE GLACE.

You brat, again !

- JE VEUX UNE GLACE.

Jamais mon coeur n'aura senti autant de mépris à l'égard de ce ver. Je le regarde de haut, fixement dans les yeux et une lourde inspiration vient lentement remplir mes poumons. La colère commence à monter. Je me bats pour garder mon sang froid et pour ne pas égorger Jefferson tout de suite.

- Tu m'as pris pour un marchand de glace ou quoi.

Je continue de le fixer comme pour lui insuffler un sentiment d'infériorité. Je tente de réfléchir sérieusement et quand je le regarde avec sa tête de chiot battu boudeur, je me dis qu'il ne fait peut-être que me contrarier. Tous les enfants le font. Mon fils le fait lui-même. Je réalise que je suis un peu sévère avec Jefferson mais malgré ma conscience de la chose, ma mauvaise humeur m'empêche d'effectuer le moindre mouvement et/ou de dire la moindre parole agréable.

You brat, again !

Je fais la gueule. C'est officiel !

- Tu m'as pris pour un marchand de glace ou quoi.

Je savais qu'il dirait ça. Il est trop prévisible ce mec. Je m'attendais pas à une réponse positive. Ou s'il avait dit oui, je me serais douté d'un truc, genre que la glace soit empoisonnée ou dégueulasse ! Malgré tout, je suis mécontent parce qu'il est vraiment trop chanmé.

- Bah alors faut pas me demander ce que je veux. Tu parles trop pour rien monsieur.

Je mets mon cartable sur mon dos, je tiens les deux bretelles et je commence à partir puisqu'il a l'air de tellement vouloir que je parte. Je lui dis pas au revoir. Lui, il est malpoli et ingrat alors j'ai aucune raison d'être gentil. Je tire la tronche et je prends mon air de je-m'en-fou.

You brat, again !

- Bah alors faut pas me demander ce que je veux. Tu parles trop pour rien monsieur.

Quel enfant insolent. Je veux le frapper. Néanmoins, je constate qu'il n'a pas si tort que ça alors je contiens mon envie de meurtre. Ce n'est qu'un enfant et peut-être que cette pitié aura raison de moi un jour. Je le regarde toujours et je pousse un profond soupir sans prendre la peine de lui adresser quoique ce soit en retour.

Le petit Jefferson commence ensuite à repartir avec la dégaine d'un vagabond austère et solitaire. Je jette un regard autour et je ne vois toujours pas Dallas. Sa classe n'est pas encore sortie. Ensuite, je cherche la mère de Jefferson et je ne la vois nulle part. J'ignore où le mioche habite mais le connaissant, je n'ai pas confiance. Je ne peux m'imaginer le voir rentrer seul chez lui. Lui qui a une mère qui le materne tellement, je trouve ça suspect qu'il soit seul.

Une très forte pensée me dit de le laisser et de ne pas me soucier de lui davantage. Cependant, je décide de le rattraper puis j'agrippe son cartable brusquement pour l'arrêter et l'empêcher d'avancer. Une fois saisi, je le tire vers moi et avec force pour rapprocher le petit. Je ne lâche pas son cartable que je tiens fermement.

- Deux secondes. Elle est où ta mère ?

You brat, again !

J'avance tranquillement sans me soucier du Stanislas. J'essaye d'oublier que je lui ai parlé parce que sinon je sais que je vais m'énerver comme Hulk. Je me retourne même pas pour voir s'il me suit. Soudainement, une grande main m'attrape le sac par derrière et ça m'arrête net.

- Deux secondes. Elle est où ta mère ?

ENCORE LUI ! Il est trop grave ce monsieur ! Il regrette peut-être de m'avoir si mal accueilli pour me rattraper comme ça sans que je lui demande rien mais je m'en bats la race parce que je suis pas prêt de lui pardonner. Je lui fais encore la gueule ! Je donne un grand coup d'épaule pour qu'il lâche le sac mais il le tient si fort que ça ne marche pas. Je rumine et j'enlève mon cartable puis je le tire comme un fou vers moi pour qu'il enlève sa main l'autre vieux.

- Mais qu'est-ce que ça peut te faire d'abord !

Je tire de toutes mes forces et je serre les dents. Y'a même mes mains qui commencent à devenir rouges à cause de ça !

- JE PEUX RENTRER CHEZ MOI TOUT SEUL ! ALORS LÂCHE !

You brat, again !

- Mais qu'est-ce que ça peut te faire d'abord !

Jefferson est vexé et c'est très clair par le ton qu'il emploie. Il se met à vouloir que je lâche son petit cartable et il se persuade d'être capable de me défier à ce tour de force. Je m'attendais à ce qu'il laisse son cartable et s'en aille comme un voleur. Mais finalement, ce ver ne cesse de remonter dans mon estime. Il me tient tête et résiste. Voir ce petit morpion se débattre, ça me fait sourire. Je prends presque plaisir à le voir se démener pour récupérer son sac et partir.

- JE PEUX RENTRER CHEZ MOI TOUT SEUL ! ALORS LÂCHE !

Il est tellement tenace que je décide de lâcher prise sans prévenir pour qu'il bascule et calme ses ardeurs. Mon sourire d'antan disparait avec et je me remets à le scruter d'un air sévère et hautain. Il est bien trop arrogant.

- Tu plaisantes. Arrête de faire l'idiot et reste ici sagement. Je t'achèterai une glace la prochaine fois que je viendrais chercher Dallas.

Je détourne mon regard un instant en voyant mon fils sortir du bâtiment.

- On restera un peu avec toi si tu veux.

Je suis inquiet et je ne serai pas tranquille en le sachant seul dans une foule. Mais ça, pas question de l'admettre alors je me justifie du mieux que je peux.

- Il faut te surveiller sinon tu risques de faire le con et d'agresser des innocents dans la rue.

You brat, again !

Stanislas lâche brusquement le sac et comme je tire à fond, la rupture de force me faire tomber en arrière. ENCORE UN SALE COUP ! Je me ramasse par terre sur les fesses, le sac entre les bras.

- AAAAAAAAÏE !

Mon premier réflexe c'est de tâter mon derrière pour essayer de faire passer la douleur. Je suis sûr d'avoir choppé un bleu sur la fesse. C'est pas cool parce que j'allai avoir trop mal maintenant pour m'assoir !

- Tu plaisantes. Arrête de faire l'idiot et reste ici sagement. Je t'achèterai une glace la prochaine fois que je viendrais chercher Dallas.

Je crois qu'il essaye vraiment de se racheter. Je décide de lui pardonner mais vraiment un tout petit peu et je me relève tant bien que mal. J'enfile mon cartable sur le dos en ignorant la douleur aux fesses. J'ai tellement mal que je réponds rien à Stanislas ! Je me contente de faire un signe de la tête pour dire oui. Mon regard se lève vers lui quand il me dit qu'il veut bien rester avec moi jusqu'à ce que ma maman arrive et vienne me chercher. Je suis content quand il me dit ça parce que, bah j'avais peur d'être tout seul. J'ai mes yeux qui brillent de joie.

- C'EST VRAI ?! MERCI STAN ...

Ma phrase se coupe automatiquement quand il me sort ça :

- Il faut te surveiller sinon tu risques de faire le con et d'agresser des innocents dans la rue.

Mon enthousiasme se barre direct parce qu'il recommençait à me dire des trucs pas gentils. Un vieux con ce Stanislas. Je le regarde avec mon air de boudeur et quand il tourne le regard vers l'école, je fais pareil et là je vois Dallas au loin. Sur le coup, je veux hurler son prénom mais vu que Stanislas est à côté, bah je sais qu'il va mal réagir alors je me retiens. Le papa de Dallas c'est un dragon fou alors bon. Puis dans le broua j'entends une voix qui m'appelle. C'était MAMAN !

- MAMAN !!!

Je commence à courir vers ma mère mais je repense à Stanislas et je m'arrête. Je me retourne et je lui hurle qu'il me doit encore une glace. C'est bien ça le plus important. Je suis content de l'avoir vu même s'il est méchant. Je suis pas triste de le quitter parce que je sais que je le reverrai. Après, je reprends ma route et je rejoins maman.

You brat, again !

Je vois Dallas qui se précipite pour me rejoindre. Le voir redonne du baume à mon coeur et toute mon attention se focalise désormais sur lui. Je m'avance vers le portail de l'école pour l'accueillir à bras ouverts. Arrivé en dehors de la cour, Dallas me saute dessus. Je suis content de le voir et ma fatigue s'envole. Mes retrouvailles s'interrompent avec les hurlements d'un sale gamin qui me rappelle que je lui dois une glace. Je regarde vers Jefferson qui s'est éloigné vers sa mère. Je ne réponds rien et je me contente de sourire amèrement quand je constate, qu'une fois de plus, j'ai cédé à la pitié - devant au sale mioche une nouvelle récompense.
Sur le chemin du retour, Dallas me questionne à ce sujet et je nie l'évidence des faits. Je nie connaître Jefferson et je lui dis qu'il ne parlait pas à moi. Je ne veux pas tellement que mon fils sache que j'ai connaissance de cet avorton chieur. Aussi, je préfère éviter le sujet et rentrer à la maison en oubliant que j'ai croisé le petit Jefferson. En attendant d'avoir à le rencontrer de nouveau.

- ENDED -

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